Bien que ces phénomènes restent marginaux sur le département des Hautes-Alpes, la présence de glaciers et de pergélisols (terrains gelés en permanence) est à l'origine d'évènements naturels dits glaciaires ou périglaciaires.
Il en existe différentes sortes classifiés par le type de stockage de la masse d'eau. Tous sont liés aux modifications des propriétés physiques de l'eau quand elle devient glace ou quand la glace devient eau.
Ruptures et vidanges de lacs d'origine glaciaires
Alimenté par les eaux de fontes, un lac peut se former à l’aval de la langue terminale du glacier, généralement à la suite du recul de celui-ci. Les moraines frontales laissées par le glacier constituent un barrage naturel qui permet la formation de ce lac, on parle de lac proglaciaire. Ces lacs sont susceptibles de se vidanger brutalement, soit par rupture de la digue avale, soit par ouverture dans la digue (appelée aussi renard), soit par apport brutal de matériaux (chute de séracs, avalanche, mouvement de terrain…) dans le lac, générant une vidange par surverse. Ces vidanges génèrent ainsi une vague dans le lit du torrent, comparable à des phénomènes de crues rapides sur les torrents de montagne.
Vidange de poches d'eaux intra-glaciaires
Si la conséquence au moment de la rupture est la même que pour les débâcles des lacs pro-glaciaires, l’origine en est différente et surtout la gestion du phénomène en est complexifiée. Dans le corps du glacier en lui-même, des cavités intra-glaciaires peuvent se former. Elles se remplissent progressivement d’eau de fonte du glacier et si cette poche ne possède pas d’exutoire, il arrive que la pression exercée par l’eau fasse exploser le bouchon de glace. Il en résulte l’expulsion brutale vers le torrent glaciaire d’une grande quantité d’eau, qui pourra alors avoir des conséquences sur les infrastructures humaines aux abords du torrent et dans tout son espace de mobilité. Ces brusques apports d’eau peuvent très exceptionnellement générer des laves torrentielles ou du charriage.
Dans les problématiques de gestion de l’aléa, la difficulté principale de ce type de phénomène est d’identifier les poches sous-glaciaires. Il est très complexe de déceler ces cavités puisqu’il n’existe pas de signes extérieurs clairement visibles. Il existe toutefois des méthodes de géophysique permettant de faire une reconnaissance des cavités sous-glaciaires mais les études restent coûteuses aux vues des superficies qu’il faudrait investiguer.
Les phénomènes périglaciaires
Dans un contexte de changements climatiques, la fonte du pergélisol (terrain gelé en permanence) est à l’origine de mouvements de terrains nouveaux, là où précédemment le sol était relativement stabilisé par la présence de glace.
- Les effondrements : de la même façon que lors des phases de gel/dégel, l’eau qui circule dans les fissures favorise la déstabilisation de pans entiers de falaises. Des effondrements se produisent depuis des escarpements rocheux qui précédemment étaient considérés comme stables.
- Les glissements de terrain : dans des zones où le sol était stabilisé par la présence de glace, l’eau de fonte résultante a le double effet d’alourdir la masse du sol et de lubrifier les zones de ruptures potentielles. Des glissements de terrains se produisent alors là où précédemment il existait des glaciers rocheux (un glacier rocheux étant un enchevêtrement de glace et de matières solides qui s’écoule comme un glacier blanc).
L’une des dernières conséquences du recul glaciaire actuel est la déstabilisation des pans latéraux par la décompression relative à la disparition de la glace. En effet, la présence de glace avait pour effet de contenir les matériaux morainiques latéraux entre les parois et le glacier mais la disparition rapide de la glace laisse aux blocs la liberté de subir les lois de la gravité. Des chutes de pierres, éboulements et effondrements se produisent alors, avec comme conséquence de recharger en matériaux mobilisables le lit du torrent glaciaire. La capacité du torrent à produire des laves torrentielles augmente toujours plus, au fur et à mesure que le glacier recule.
Glacier d'Arsine
Au début des années 50, un lac pro glaciaire s’est formé suite au recul du glacier d’Arsine. Ce lac n’a cessé de grandir jusqu'au début des années 80, pour atteindre un volume de 800 000 m3. Les glaciologues de l’université de Grenoble ont alors étudié la possibilité de débordement de la digue avale, constituée par le cordon morainique frontal laissé par le glacier d’Arsine au gré des variations climatiques. Devant la capacité érosive de la moraine, le cordon aurait rapidement disparu dans le cas de débordements sous l’effet de l’érosion, laissant la possibilité au 800 000 m3 d’eau de s’engouffrer dans la vallée et de menacer les habitations et villages de la vallée de la Guisane. Les glaciologues ont alors averti le service de Restauration des Terrains en Montagne qui rapidement a pris la mesure du danger. Au printemps de l’année 1986, des travaux de génie civil ont ainsi permis l’abaissement du lac et d’écarter le danger.
Les risques naturels en montagne :