Inondations

Les inondations de rivières de montagne

Une rivière torrentielle se caractérise par son occupation généralisée au fond des vallées de montagne. Au cours des siècles, les Hommes ont su s’adapter aux contraintes  générées par les crues de la rivière.

La première caractéristique de ce type de rivière est sa pente, comprise entre 1 et 6%. Ces pentes déjà importantes autorisent des vitesses de courant assez élevées. La totalité des rivières de vallées du département des Hautes-Alpes rentre dans cette catégorie, depuis la vallée de la Clarée jusqu’à la vallée du Buëch.

La seconde caractéristique morphologique de ce type de cours d’eau est la forte variation de ses surfaces d’écoulement, notamment quant à la largeur des sections. On distingue la bande active, qui correspond à la zone peu ou pas végétalisée du cours d’eau où des écoulements se produisent régulièrement, de l’espace de mobilité qui correspond à la zone maximale d’extension du cours d’eau dans le cas de crues exceptionnelles.

Ces cours d’eau entrent en crue en période de pluies importantes et prolongées sur une partie ou l’ensemble du bassin versant. Le temps de réponse, autrement dit, l’intervalle de temps nécessaire à la rivière pour rentrer en crue depuis le début des pluies, n’est pas aussi direct que celui des torrents mais l’augmentation du niveau d’eau dans les vallées de montagne reste beaucoup plus rapide que pour les rivières de plaine, rendant les mesures de sauvegarde des zones inondables assez complexes. 

Les crues torrentielles

Les crues torrentielles sont des phénomènes violents, courts et intenses directement liés aux fortes pentes des zones de montagne et aux phénomènes climatologiques extrêmes de milieux de montagne. Ces crues sont très singulières dans le monde des inondations, particulièrement par rapport à la soudaineté et les vitesses de réaction des bassins versants. Lors des orages d’été, les précipitations peuvent être très intenses et localisées au bassin versant d’un seul torrent.

Les apports pluviométriques sont alors très importants sur une courte durée. Le niveau d’eau monte rapidement et génère ainsi une crue torrentielle. La vitesse très élevée des écoulements engendrent le déplacement des matériaux d’érosion dans le bassin versant. Deux types de transports solides peuvent être alors différenciés, notamment au regard de leurs comportements mécaniques :  

-          Le charriage : il s’agit d’un transport de sables, cailloux et blocs par roulement dans le cas de vitesses basses ou par saltation (déplacement par sauts) dans le cas de vitesses élevées. L’énergie nécessaire à la mise en mouvement est variable selon les tailles de grains, ainsi, le sable sera plus facilement mis en mouvement que des cailloux. Dans tous les cas, les particules restent en lien les unes aux autres ou avec le lit du torrent car il n’y a pas de mise en suspension. Les écoulements se scindent en 2 phases, le débit liquide (l’eau) et le débit solide (les matériaux). Ce type de transport est corrélé aux régions à substrat majoritairement cristallin (roche de type granite, gneiss, amphibolite, etc…). Les roches y sont généralement très dures et ne s’érodent pas suffisamment pour générer des particules fines, susceptibles de se mettre en suspension. Dans le département des Hautes-Alpes, les phénomènes de charriage seront principalement liés aux torrents des massifs cristallins du parc des Ecrins et des vallées attenantes, comme par exemple les torrents des bassins versants de la Haute Romanche, de l’Onde, du Gyr ou même de la Séveraisse…

Les laves torrentielles : A l’inverse du transport par charriage, ce phénomène se caractérise par un mélange entre une partie des matériaux solides et le débit liquide (l’eau). Dans ce cas, le substratum rocheux génère des particules fines (< au mm) par érosion qui vont se mettre en suspension lors de l’augmentation des débits liquides. Ce mélange est alors appelé « matrice » et peut atteindre une densité de près de 2 tonnes pour un mètre-cube. La force générée par les écoulements est alors très intense et la matrice déplace des blocs de grandes tailles, pouvant peser parfois quelques dizaines de tonnes. Le mélange devient alors hétérogène avec un front de lave caractérisé par les plus gros blocs et une forte différence de granulométrie, un corps de lave torrentielle plus homogène et enfin la queue de la lave qui retrouve une viscosité plus proche de celle l’eau.

      Les écoulements répondent alors aux lois de la mécanique des fluides, comparable à une coulée de lave plus ou moins visqueuse, d’où son nom de laves torrentielles. Ces phénomènes se produisent dans de milieux géologiques d’origine sédimentaire de types calcaires, marnes, gypses, terres noires, etc…

      Dans le département des Hautes-Alpes, de nombreux torrents se situent dans un tel contexte, ce qui lui vaut d’être l’un de départements montagnards alpin des plus exposés aux laves torrentielles. Ainsi, les torrents du Boscodon à Crots, du Dévezet à la Bâtie-Neuve et Chorges ou du Roubion sur Névache sont de bons exemples de torrents générateurs de laves.

Les événements torrentiels sont toujours très dommageables pour les constructions humaines puisque les matériaux solides transportés occasionnent toujours de gros dégâts. Aussi, les variations importantes de débits et la définition du lit majeur sont autant de facteurs difficiles à prendre en compte dans les projets d'aménagements, puisque les torrents ont des lits majeurs qui naturellement occupent toute une vallée.

Le ravinement

Le ravinement est un processus d’érosion accéléré très fréquent dans le département des Hautes-Alpes. Il s’agit d’un phénomène très dépendant des formations géologiques facilement érodables comme c’est le cas des « terres noires », présentes dans la totalité du territoire des Hautes Alpes.

Ces phénomènes se produisent lors de pluies intenses, une partie des matériaux de surface est emporté par ruissellement non permanent dans de petits talwegs. Si le phénomène se répète, il peut avoir une influence sur les infrastructures, notamment les fondations qui peuvent être déstabilisées par la disparition des matériaux.

Le phénomène de ravinement se rapproche des laves torrentielles de petite ampleur mais également des mouvements de terrains. Il sera d’ailleurs parfois classé dans cette dernière catégorie.

Histoires des inondations dans les Hautes-Alpes

La totalité des communes du département est concernée par ces phénomènes d’inondations de vallées ou de crues torrentielles. L’épisode d’inondation de vallée le plus récent sur le territoire des Hautes-Alpes s’est produit en mai 2008 lors de pluies intenses sur bassin versant de la Durance à l’amont du lac de Serre-Ponçon. Dans ce même secteur, les évènements de crues les plus remarquables s’étaient produit en 1856 où les dégâts avaient été catastrophiques, en 1948 où une personne était décédée et en 1957 où l’ensemble de l’arc Alpin était touché. On évoquera les inondations successives du Buëch qui elles aussi furent à l’origine de nombreux dégâts et perturbations.