Eléments de constats sur la gestion "traditionnelle" des risques naturels et sur la place de la prévention des risques.
En France, la gestion « traditionnelle » des risques naturels est fortement cloisonnée, notamment compte tenu des rôles et des responsabilités des différents acteurs impliqués dans cette gestion. Chaque temps de gestion (prévention, préparation à la crise, alerte, crise, réparation, réhabilitation et retour d’expérience) renvoie à des régimes de responsabilités, des prérogatives et de dispositifs spécifiques. Par ailleurs en montagne, l’action préventive est essentiellement et traditionnellement orientée sur la réduction, voire l’éradication des aléas. Ceci se traduit par des approches majoritairement axées sur des stratégies défensives (cf. ouvrages de protection).
Les grandes catastrophes en France de la fin des années 1990 - début des années 2000 (Vaison-la-Romaine en 1992, avalanche du hameau de Montroc à Chamonix en 1999, tempêtes de décembre 1999, mais aussi plus récemment la tempête Xynthia en 2010 ou les inondations du sud de la France en 2010 et 2014, etc.) ont mis en avant la nécessité de développer des approches plus intégrées de manière à favoriser l’interconnexion des différents temps de gestion et ce, dans le but de déployer localement des stratégies plus globales. Cela a pour effet de favoriser une meilleure coordination des acteurs et une plus grande implication des populations. A ce titre, la réduction de la vulnérabilité humaine, physique mais aussi organisationnelle, couplée au développement de la résilience des territoires semblent apparaître comme des perspectives vertueuses, en matière d’aménagement des territoires et de protection des populations pour demain.
Mais qu'est-ce que la GIRN ?
La Gestion Intégrée des Risques Naturels, appelée plus communément GIRN se base sur plusieurs fondements.
Tout d’abord, cette gestion complète l’approche classique et segmentée basée essentiellement sur la réduction des aléas grâce à la construction d’ouvrages de protection. Il s’agit d’une approche territoriale nouvelle cherchant une réduction de la vulnérabilité territoriale et organisationnelle s’appuyant sur des projets locaux et la culture du risque des territoires.
La GIRN cherche également à développer une synergie sur l’ensemble de phases de gestion et ce à une échelle spatio-temporelle plus grande que celle communément utilisée. On tend à gérer les risques à une échelle pluri-communale et sur des pas de temps plus long que celui de la gestion de crise.
La gestion intégrée se base sur les besoins des territoires afin de proposer avec l’ensemble des acteurs de la gestion des risques naturelles et de la gestion de crise, des solutions adaptées qui soient en adéquation avec leurs capacités financières, humaines et matérielles. Toutes les actions qui sont réalisées sont ainsi co-construites avec l’ensemble de ces acteurs et répondent donc aux besoins de chacun tout en respectant les responsabilités de tous.
Enfin, la GIRN apporte un autre regard sur les enjeux de développement associés aux risques naturels, à l’échelle des bassins de vie et de risques, et ce afin d’encourager une prise en compte précoce des risques, en amont des projets de développement.
Ainsi, la GIRN permet une approche qui, tout en intégrant l’ensemble des temps de gestion (prévention, gestion des événements catastrophiques, retour à la normale, retour d’expérience), souligne l’importance des interactions de ces phases. Cette démarche permet l’émergence d’une vision transversale de la gestion multi- risques, primordiale pour analyser et approcher les risques naturels dans leur ensemble (origines, effets, conséquences, vulnérabilités, etc.) et replacer les enjeux de gestion dans la trajectoire de développement et le quotidien du territoire.
La GIRN sur le territoire du Pays du Grand Briançonnais / PETR
Historique de la démarche
En 2009, le Pays du Grand Briançonnais a été sollicité pour intégrer l’opération « Sites pilotes de Gestion Intégrée des Risques Naturels dans les Alpes », financé par la CIMA-POIA[1]. Les élus du Conseil d’Administration du Pays ont souhaité intégrer cette démarche afin de mettre en place une gestion des risques naturels s’adaptant réellement aux besoins de nos petites communes de montagne, tout en mettant en place des actions prenant en compte nos capacités économiques, humaines ou encore matérielles.
Cette approche, qui propose d’aborder les risques naturels dans leur ensemble, permet de traiter toutes les phases de gestion des risques naturels (prévention, mise en vigilance des territoires, alerte, gestion de crise, retour à la normale, etc.), et de travailler sur l’ensemble des risques naturels présents sur une commune (avalanches, crues et laves torrentielles, mouvements gravitaires, séismes, feux de forêts, etc.). Il est également proposé de fonctionner à une échelle pluri-communale permettant de réfléchir à des solutions et de bâtir des actions sur des bassins de risques (bassin versant pour les rivières, ensemble des communes d’un même secteur impacté par des avalanches, etc.).
Enfin, la gestion mise en place venant des besoins directs des territoires, toutes les actions mises en œuvre sont co-construites avec l’ensemble des acteurs du territoire, des élus aux institutionnels (gestionnaires « classiques »), mais également des populations ou encore des socio-professionnels. De ce fait, les actions innovantes qui sont réalisées correspondent réellement aux besoins locaux, mais sont également plus efficaces puisque acceptées par l’ensemble des acteurs.
C’est donc à partir de mars 2010, avec la création de la mission Gestion Intégrée des Risques Naturels, appelée mission GIRN, que la démarche au sein du Pays du Grand Briançonnais a réellement été lancée.
[1] CIMA – POIA : Convention Interrégional du Massif des Alpes – Programme Opérationnel Interrégional des Alpes
"La gestion intégrée des risques naturels. Des hommes, des territoires, des risques."
La Cinémathèque des Images de Montagne (Gap) a réalisé en 2013, en partenariat avec le Pays du Grand Briançonnais et le Pôle Alpin d'Etudes et de Prévention des Risques Naturels (PARN), la mise en œuvre d'une démarche innovante en matière de culture et de mémoire du risque naturels, à partir de la collecte et la diffusion des connaissances et expériences sur l'aménagement du territoire et les phénomènes naturels destructeurs.
Ce projet s'est appuyé sur les missions premières de la CIM (collecte, sauvegarde et diffusion de films anciens et récents sur la montagne) et sur sa collaboration avec l'historien Denis Cœur, spécialiste des risques naturels.
La démarche a abouti à la réalisation de quatre films dont un sur la GIRN, et la collecte de documents anciens et récents sur la thématique "aménagement du territoire et risques naturels" dans le Pays du Grand Briançonnais.
Ces films ont été réalisés et financés par la Convention Interrégionale du Massif des Alpes (CIMA) et le Programme Opérationnel Interrégional du massif des Alpes (POIA), l'Europe, l'Etat, les Régions Provence-Alpes-Côte d'Azur et Rhône-Alpes et notamment dans le cadre de l'opération expérimentale "Sites pilotes de gestion intégrée des risques naturels dans les Alpes".
Film "La gestion intégrée des risques naturels. Des hommes, des territoires, des risques."
Réalisation Denis Cœur / Gilles Charensol - 2013