Les objectifs et la méthodologie

Les objectifs

Il s’agit de structurer et de mener un projet de recherche-intervention visant à aborder et faciliter les conditions de concertation ou participation décisionnelle en « amont » d’actions ou plans territoriaux touchant aux enjeux croisés entre eau & rivières, climat & énergie, biodiversité & paysages. Ce projet sera coordonné par le PETR et mené en partenariat avec des équipes de recherche d’INRIA et INRAE, qui mobiliseront leurs expertises complémentaires en ingénierie de la participation décisionnelle (CoOPLAGE) et en modélisation de métabolisme territorial (AF-Filières) pour proposer de nouvelles méthodologies participatives. Ces équipes auront pour objectif la mobilisation de modèles et de modélisation pour le développement d’un dispositif d’appui scientifique à la concertation, transférable dans le futur à d’autres territoires et thématiques.

La démarche, ainsi co-construite, aura vocation à accompagner les acteurs vers des politiques locales et des actions intégrant la maîtrise des consommations (sobriété, efficience énergétique des bâtiments, mobilité, etc.) et une réflexion collective sur les voies à suivre pour envisager des productions d’énergie adaptées aux enjeux et aux contraintes du territoire, en lien avec le Plan Climat Air Énergie Territorial en place sur le territoire.

Cette démarche expérimentale ainsi que les outils développés, pourront alors faire l’objet de transferts vers d’autres thématiques et territoires comme par exemple pour des territoires littoraux qui présentent également des dépendances à l’économie du tourisme tout en subissant de fortes contraintes environnementales.

Les objectifs de ce projet sont donc les suivants :

  • Mettre en situation de concertation « amont » et globale l’ensemble des acteurs du territoire pour aller vers une politique énergétique partagée, réalisable pour les 20 ans qui viennent, réduisant conflits et contentieux.
  • Développer, valider et transférer un dispositif support (modèles, médias, protocoles d’usage) visant à faciliter la concertation autour des enjeux énergie, biodiversité, climat, eau, paysage.
  • Mise en mouvement et capacité à engager des projets différemment.

Description du protocole scientifique proposé

Le processus de concertation suivi s’inspire de la méthodologie CoOPLAGE, dans laquelle les citoyen·ne·s sont impliqués depuis la planification de cette concertation jusqu’à la mise en place d’actions choisies collectivement. Ces outils sont largement détaillés aux liens suivants : https://revue-set.fr/issue/view/705 & http://frama.link/RMCPart

Les étapes préliminaires ont permis d’expliciter certains enjeux de la participation citoyenne :

  • Permettre aux acteurs de construire un cadre propice à une concertation légitimée en :

           - Partageant des connaissances initiales sur la situation et ses enjeux
           - Définissant un contrat spécifiant les règles de la participation et l'impact du processus sur les décisions transformatives
           - Définissant collectivement des étapes à mettre en place pour ce processus de concertation

  • Permettre un processus participatif large, dans lequel le dialogue entre tous les acteurs est rendu possible
  • Fonder la concertation sur des apports scientifiques et techniques fiables, mobilisant connaissances et modèles.
     

Les objectifs scientifiques, au-delà d’une transformation du dialogue sur le territoire, visent à faire évoluer les interactions entre modèles dits “experts” et processus participatifs. L’équipe STEEP de l’INRIA Grenoble développe des outils permettant de réaliser des analyses systémiques d’alternatives socio-techniques sur le territoire. En particulier, l’analyse de flux de matières et d’énergie (AFME) permet d’étudier la base matérielle de l’économie, en unités physiques plutôt que monétaires. Ces outils paraissent pertinents pour évaluer certaines vulnérabilités du territoire et pour mettre en évidence de potentiels futurs conflits sur les ressources biophysique, permettant ainsi de dialoguer beaucoup plus tôt des compromis à adopter. Malheureusement ces outils restent pour l’instant des outils experts et n’ont pas été sollicités au cours de processus de concertation. L’objectif est donc double :

  • Permettre aux acteurs du territoire de s’emparer de versions simplifiées de ces outils afin d’introduire des discussions sur une base biophysique autour des ressources impliquées
  • Permettre aux scientifiques de faire évoluer ces outils afin de les rendre plus pertinents et adaptables aux besoins des acteurs.

 

Le lien avec les travaux du groupe « Ingénierie de la Participation et de la Décision » de l’INRA G-EAU permettra d’accéder à l’expertise du groupe CoOPLAGE et d’intégrer les AFME dans ces processus participatifs décisionnels. À noter que, malgré une focalisation sur des modèles biophysiques ancrés sur les ressources, le projet permettra aussi de réfléchir à la mobilisation d’autres types de modèles (en particulier liés à la biodiversité), à leur articulation avec les AFME et à leur utilisation au cours de la concertation.

Si la méthodologie et les objectifs scientifiques sont clairs, les étapes précises du projet n’ont pas encore été déterminées, car le processus sera co-construit et décidé ensemble.

Les options possibles sont les suivantes, détaillées par la suite avec des exemples d’actions et de livrables associées :

  1. Formation / sensibilisation préalable / exploration d’options méthodologiques
  2. Construction collective du processus de concertation
  3. Organisation d’un observatoire pour un suivi réflexif et le pilotage
  4. Diagnostic participatif (citoyen et expert) du fonctionnement socio-environnemental
  5. Mise en relation des enjeux du territoire (en particulier climat / énergie / eau / biodiversité / évolution du territoire, à compléter par les enjeux liés au diagnostic participatif)
  6. Évaluation des besoins et co-construction d’outils d’aide à la décision
  7. Élicitation* des préférences et enjeux de justice sociale pour le territoire

*Nom commun. (Linguistique) Incitation d'un locuteur à un autre à statuer sur différentes hypothèses, c'est-à-dire à introduire chez lui le recours à sa compétence ou sa performance

Avec ce qui suit : Protocole scientifique